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 Les Chroniques de Sondrel

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Wytrian
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Wytrian


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Royaume : Sondrel
Race : Sang bleu
Dragon : Fhaylebo
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MessageSujet: Les Chroniques de Sondrel   Les Chroniques de Sondrel EmptySam 14 Fév - 16:17

Les Chroniques de Sondrel

J'aime voir dans les prés tentes et pavillons dressés;
Et je ressens un profond plaisir
Quand je vous dans la campagne, en rangs,
Chevaliers et chevaux armés,
Je vous le dis : rien n'a autant de saveur,
Ni manger, ni boire, ni dormir
Que d'ouïr crier dans les deux camps
"Sus !", que d'entendre les chevaux démontés
Hennir sous les arbres,
Que d'entendre hurler : " A l'aide ! A l'aide ! "
Et que de voir tomber petits et grands
Dans l'herbe des fossés,
Que de voir au flanc des cadavres
Bris de lances avec leurs banderoles.

- Bertrand De Borne, compagnon du roi d'Angleterre, Richard Coeur de Lion





Acte premier : La Chute de Sondrel

Wytrian se tint un moment sur les remparts le regard perdu dans la masse grouillante qui assiégeait sa fière citadelle, fleuron du comté de Sondrel. Les traits volaient autour de lui tandis que des blocs de pierre, projetés par des engins de siège, entamaient les murs. Comment en était-il arrivé là ?
- « Monseigneur ! »
Comment Sondrel la prospère cité pouvait-elle tomber sous les coups de cette horde immonde d’orques, de gobelins et de trolls ?
- « Monseigneur ! »
Le comte se senti agripper par l’épaule. C’était son aide de camp, l’armure ruisselante de sang et le bouclier fracassé. Il était connu pour son flegme qu’il gardait même dans les moments difficiles, mais cette fois sur son visage figurait une mine terrifiée qui fit frissonner Wytrian lui même. Mais le vétéran de plusieurs batailles et souverain des terres de Sondrel se reprit vite, il empoigna le chevalier : - « Le mur extérieur est perdu, il faut nous replier vers le donjon, tout le monde doit se replier. C’est un ordre ! ». Des guerriers peaux vertes étaient parvenus sur les murs. Ils étaient lents mais possédaient une force colossale, peu commune pour des créatures de leur taille. Leurs armes rudimentaires, haches ou gourdins, envoyèrent un bon nombre de braves dans la tombe.
- « Qu’Oznar nous vienne en aide » murmura Wytrian en dégainant son épée.

Les cors retentirent, signalant la retraite vers le donjon. Tous se replièrent vers celui-ci, les orques sur leurs talons. Les hommes étaient égaux dans la fuite, les chevaliers en armure prenaient leurs jambes à leur cou dans les rues de la ville tout comme le faisaient les membres de la piétaille en haillons. Il n’y eut que les miliciens de la ville qui ignorèrent l’ordre. Eux se battaient pour leurs maisons, pour leurs familles entassées dans les rares bâtisses en pierre. Ils s’étaient rassemblés sur la place de la ville autour de la chapelle dédiée à Oznar, ils formaient un carré vers lequel Wytrian ne put s’empêcher de porter son attention. La milice à l’inverse des levées paysannes était bien armée. Chaque membre de celle-ci était protégé par une cotte de maille et un casque de métal, ils possédaient de plus une hallebarde et une épée courte qui pendait à leur taille tout comme leur rondache. L’étendard de la ville se trouvait au centre du carré tout comme - Wytrian frissonna d’effroi en l’apercevant - Sandra de Sondrel, son épouse. Elle était en armure complète, sa chevelure brune laissée au vent. Elle portait une longue lance ainsi qu’un bouclier d’un blanc immaculé sur lequel figurait le symbole d’Oznar. Le regard de la femme ne trahissait nulle expression de crainte, au contraire elle exhortait ses hommes à tenir bon alors que les orques se rassemblaient pour se porter à l’assaut du carré de miliciens. Les peaux vertes restèrent ainsi un moment n’osant pas attaquer, mais de leur rang émergea le plus grand orque que devait porter les terres de l’Empire, il mesurait plus de deux mètres et devait être aussi lourd qu’un taureau, ses muscles saillaient sous une peau dure d’un vert presque noir. C’était lui le chef de la horde, Gorbad des Montagnes Vertes. Il leva sa lourde hache qui suintait d’énergie chamanique et hurla l’ordre d’attaquer. Le sol tremblait tandis que la marée verte se ruait à l’assaut de l’ilot d’acier.

Wytrian se précipita dans la Tour des Cieux qui dominait le donjon. Il avait sur ses talons son aide de camp qui hurlait : - « Non ! Monseigneur n’y allez pas ! » Mais il n’entendit pas, il ne voulait pas entendre, il pénétra dans la grande volière et ferma la porte derrière lui. Il entendit qu’on martelait furieusement la porte mais il n’y prêta guère attention. Il s’avançait vers une étrange créature, celle-ci possédait une tête de rapace posée sur un corps de lion pourvu d’ailes, un magnifique et puissant animal, un fier et noble griffon, c’était Serragile. Wytrian entretenait une relation particulière avec la bête qu’il avait élevée depuis l’œuf. – « J’ai besoin de toi ami » Il avança sa main et la posa sur le haut du crâne du griffon. - « Cela sera sans doute notre dernier combat » Serragile poussa un cri strident et s’assit pour que Wytrian puisse prendre place, celui-ci empoigna son épée longue, il n’eut pas besoin d’éperonner sa monture, ils se connaissaient trop bien. Serragile s’élança, le bruit de tumulte se rapprocha toujours plus, le griffon prit enfin son envol et piqua vers le carré qui tenait toujours bon.

Sandra se battait farouchement en première ligne parmi les hommes, dans la chaleur étouffante du combat. Sa lance perçait le cuir vert avec facilité tandis que son bouclier contrait les coups des terribles haches ennemies. A ses cotés les hommes tombaient et le carré se réduisait inexorablement alors que les orques s’élançaient à l’assaut, toujours plus nombreux et avec une férocité toujours intacte. C’est alors que le monstrueux chef orque se montra écartant ses guerriers avec brutalité. Son regard injecté de sang croisa celui de Sandra, il émit un beuglement terrible et chargea. Les hommes autour de la dame de Sondrel s’écartèrent, mais Sandra resta en place stoïquement. La hache du peau verte s’éleva dans les airs, Sandra leva son bouclier pour se protéger, le symbole d’Oznar se mit à étinceler puis la hache frappa. Le choc fut terrible, il aurait broyé le bras de l’homme le plus costaud mais Sandra ne lâcha pas un pouce de terrain. Au contraire sa lance se projeta en avant et vint se planter dans la cuisse de Gorbad qui ne put réprimer un terrible hurlement. Il écumait littéralement de rage et il se jeta sur son adversaire. Il attaquait sans fatiguer, alors que Sandra commençait à montrer des signes de faiblesse. Son bras était endolori, ses réflexes étaient moins vifs, le monstre en profita et fit voler son bouclier, elle était sans défense. L’orque leva sa hache doucement, Sandra lâcha sa lance brisée, c’était la fin. Elle vit l’ombre de Serragile fondre sur le dos de Gorbad, son époux, l’épée pointée vers la prochaine mise à mort, hurlait de toutes ses forces. Autour d’elle tous étaient morts ou agonisant. La hache s’abattit dans une explosion de lumière blanche et de poussière. L’arme de l’orque était plantée dans la terre meuble, plus une trace de Sandra si ce n’est son bouclier fracassé et sa lance brisée.

Le peau verte se retourna, son instinct l’avait prévenu de la menace. Serragile fonçait sur lui, ses serres aiguisées en avant. Le choc fut tellement violent que Wytrian fut désarçonné et roula quelques mètres plus loin étourdi par la violence du coup. Le griffon avait entaillé profondément le bras gauche de Gorbad, qui ne se battait plus que d’une main certes mais avec une férocité décuplée. Serragile battait des ailes, donnait des coups de becs et de serres mais son adversaire le faisait reculer. Wytrian se releva en prenant appui sur son épée, il se précipita au secours de sa fidèle monture qui s’envola pour éviter les traits perfides qui commençaient à pleuvoir des lignes de la horde. Le comte de Sondrel n’était plus animé que d’une noire colère, son épouse était tombée, son corps avait disparu et il n’avait rien fait. Il se jeta avec toutes ses forces dans le duel, il était une des plus fines lames de l’empire et il n’avait plus rien à perdre. Derrière lui le donjon était pris d’assaut, ses derniers hommes menaient une résistance acharnée mais désespérée, le temple d’Oznar sur sa droite brulait, la ville était à feu et à sang, pillée par cette horde impie. Mais il mourrait en ayant vengé celle qu’il avait tant aimé, il se le jura. Le bras gauche de l’orque pendait sans vie mais sa hache menaçait sans cesse Wytrian qui esquivait, parait tant bien que mal, acculé par la férocité de son adversaire. Il trouva néanmoins la force de lancer une ultime botte. Gorbad contra une première fois, il reculait, un second coup ricocha sur une pièce de métal mais le troisième fut le bon. La lame de Wytian pénétra profondément dans la chair de l’orque, le monstre écarquilla les yeux, il ne put beugler car la lame du chevalier décrit déjà un cercle qui se termina dans une gerbe sanglante. La tête toujours marquée par un terrible rictus roula au pied du comte, il avait remporté le duel... mais c’était la fin. Les guerriers peaux vertes se rapprochèrent, leur hésitation ne durerait pas. Ils se savaient innombrables, leur adversaire était seul. La vue de Wytrian se voila d’un drap noir. Il entendit un cri perçant, des hurlements apeurés puis il se sentit emporté dans les airs, sa main se serra machinalement, elle rencontra la fourrure de Serragile. Le griffon s’éloignait du château en feu, de la ville saccagée, des monceaux de cadavres et emmena Wytrian à l’abri de la forêt.
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