Recontre avec un dragon : Arekh.

Elle était partie ce matin là, comme souvent d'ailleurs. Toutes les personnes chargées de l'aider dans sa tâche de grande prêtresse étaient habituées à ne pas la voir au réveil, étant déjà partie dans les prairies avoisinantes du royaume.

Ce cheval était vraiment son préféré, il avait une robe grise qui s'accordait en plus parfaitement avec sa propre robe d'un bleu assez clair.
Le ciel, de la même couleur que ses vêtements légers, voyait se dessiner quelques nuages clairs. Le décor en lui même était digne des plus beaux tableaux, une prairie vierge de toute intervention humaine laissant éclore des milliers de fleurs. La seule trace non naturelle était ce chemin qu'elle même empruntait et qui servait à l'acheminement de toutes sortes de denrées.

Il était plaisant de se promener ainsi de si bon matin avec les premiers rayons du soleil réchauffant son visage, révélant de ce fait tous les traits de sa peau crémeuse.

Après quelques kilomètre à allure modérée, allure qui convenait très bien à sa monture, Yucia arriva à la lisière d'une forêt dont elle avait entendu parler mais où elle n'avait jamais mis les pieds.
On racontait beaucoup de choses sur cet endroit avec une végétation prospère qui n'avait pas été touché par la main de l'Homme. Cet endroit était paraît il aussi beau qu'il en était dangereux, il paraissait qu'une bête féroce habitait ces bois.
Toutefois personne n'en avait apporté la preuve formelle et cela tenait plus du mythe populaire que de la certitude.

Attiré par une telle magnificence et l'envie de découvrir un lieu si mystérieux, la croyante s'avança.
Les oiseaux chantaient, les bruits de pas de son cheval se mêlait aux différents bruits des animaux visibles et tous ceux qui se dissimulaient dans cette végétation.
Elle fut rapidement satisfaite de son impulsion, cette forêt était magnifique et elle ne tarda pas à être subjuguée par le spectacle qui s'offrait à elle. C'est après quelques minutes de marche qu'elle vit cette rivière dont l'eau s'écoulait lentement, une eau cristalline qui lui offrait une douce mélodie.

Elle décida s'arrêter ici pour profiter de cet endroit si beau, son cheval partit derechef brouter un peu d'herbe et quant à elle, elle partit s'assoir au bord de cette rivière en profitant pour y faire tremper ses pieds nues.
Elle resta dans cette position un long moment, assise les bras tendus et les mains posées sur le sol derrière elle tout en observant toutes les merveilles de cet endroit.
Tout à coup elle se rendit compte d'une chose : les oiseaux s'étaient tus.

Peu de choses peuvent engendrer cet effet sur les volatiles et la première qui lui venait à l'esprit n'était pas réjouissante. Elle se leva en sursaut et fonça en direction de son cheval. Celui ci ne semblait pas affolé, loin de là, il broutait toujours tranquillement.
Yucia bondit sur son dos et commença à le faire partir au galop. Celui ci partit sans trop comprendre mais il eut l'air bien plus stressé quand on pouvait entendre des bruits de feuillages causés par le ou les prédateurs qui les traquait. Il accéléra l'allure jusqu'à son extrême et la prêtresse ne pouvait plus contrôler sa direction, elle ne pouvait que s'accrocher pour ne pas tomber. Elle ne savait pas où elle se dirigeait, elle s'enfonçait dans les bois ou bien se dirigeait vers la sortie, elle ne saurait le dire. Elle se perdait de plus en plus, poursuivit par des créatures inconnues.

A ce moment ses pensées commencèrent à s'emballer, elle réfléchissait sur beaucoup de choses, même trop. Tout se bousculait dans sa tête, notamment la question de sa venue ici. Pourquoi avait elle été aussi naïve de croire pouvoir profiter d'un endroit aussi dangereux sans encombre ?

Le fait de ne pas voir ses poursuivants était encore plus effrayant, elle ne savait pas si elle avait affaire à des loups, des chiens errants ou tout autre bête carnivore. L'idée que rien ne la poursuivait réellement et que ce n'était qu'une illusion donné par son imagination lui effleura l'esprit mais elle ne voulait pas prendre le risque de vérifier cela.

A cause de toutes ses réflexions, elle n'avait pas remarqué où elle était arrivé et fut brusquement jetée à terre. Le cheval venait de se cabrer car il était arriver au pied d'une falaise. Ne comprenant pas le déroulement des événement, Yucia se releva avec peine et remarqua que sa monture n'était déjà plus là, il avait fuit le plus vite possible. Elle vit pour la première fois depuis qu'elle était poursuivit les bêtes, ils venaient de sortirent des feuillages pour se tenir en face d'elle prêt à bondir à tout moment. Elle ne savait pas exactement ce que c'était et le savoir n'était pas le premier de ses soucis. Ils ressemblaient à des loups mais avaient un quelque chose de plus félin, parmi les espèces qu'elle avait pu étudier dans les livres aucune ne ressemblait à cela.

Dans un élan de désespoir et de survie elle partie à toute vitesse en direction de la falaise, les bêtes bondirent juste derrière elle. Elle n'osa pas les regarder et par miracle aperçu un petit passage dans la roche. Elle s'y faufila le plus rapidement possible, s'écorchant la peau au niveau de son épaule droite provoquant à la fois une petite déchirure sur sa robe et un saignement qui se répandit sur sa robe.
Les bêtes trop imposantes pour entrer essayèrent de forcer le passage, Yucia recula à quatre patte tout en regardant fixement l'entrée de ce lieu protecteur. Les créatures criaient de mécontentement et frappaient la pierre sans succès.

Assise sur le sol, l'épaule douloureuse et les pieds abimés par sa course nue pied sur une pierre trop dure, elle sentit le stress redescendre d'un coup et les larmes commencèrent à perler sur son visage. Elle était complètement perdue dans une grotte avec des bêtes sauvages juste à l'extérieur et se demandait encore pourquoi elle était entrée dans cette fichue forêt.
Après quelques minutes de sombre lamentation, elle se rendit compte que cela n'allait pas la sortir de là.

Après avoir essuyé ses larmes maladroitement, ceci étant en partie dû au fait qu'elle tremblait encore beaucoup. Elle se leva et quitta pour la première fois des yeux son entrée de fortune toujours très bien guettée. Une fois en face de cette longue étendue noir qu'est ce couloir de pierre, elle hésita un instant ayant tout aussi peur d'avancer que de reculer.
Une fois son courage revenue elle s'avança dans la noirceur.

Plus elle avançait et moins elle voyait jusqu'à arriver à un moment où elle ne voyait plus rien si ce n'est que du noir. Elle marchait avec une prudence extrême, une main contre le mur pour être sûr d'avancer droit. Après plusieurs mètre à avancer à l'aveugle, elle se heurta à un mur de pierre, heureusement qu'elle conservait une main devant elle sinon elle se serait une nouvelle fois fait mal. Elle tâtonna ce mur pour savoir si elle avait vraiment atteint la fin de cette grotte, malheureusement aucune issue ne semblait se trouver là. Elle ne savait plus quoi faire, ses derniers espoirs résidaient dans une sortie qui malheureusement n'existait pas.
Alors qu'elle allait faire demie tour pour éventuellement voir si les bêtes étaient parties, un souffle de flamme lui apparut juste devant, dévoilant une forme devant elle à l'endroit qu'elle avait prit pour un mur.
Ce n'était pas de la pierre... c'était la peau rocailleuse d'un dragon... elle recula lentement espérant ne pas l'avoir réveillé, elle ne voulait pas lui servir de déjeuné.
Une voix la stoppa brusquement, une voix qui résonnait dans sa tête :

*Ne recule pas, j'ai besoin de toi jeune femme. *

Elle ne rêvait pas, la bête venait de lui adresser la parole, il venait plus précisément de lui dire quelque chose directement par télépathie. Elle ne savait pas comment réagir et le dragon continua :

*J'ai besoin d'aide et toi seule peu m'aider, libère moi d'ici et je te serais éternellement reconnaissant. *

« Que dois-je faire? » réussit-elle articuler.

*Je suis bloqué ici depuis plusieurs jours maintenant et je n'ai plus la force de me libérer de cette pierre qui m'empêche de sortir d'ici. Ce que tu a touché tout à l'heure c'est mon flanc, monte sur mon dos et libère moi de cette pierre qui m'empêche de bouger. *

Elle ne savait pas si elle pouvait faire confiance à un dragon mais n'avait pas trop le choix, si les bêtes sauvages rôdaient encore elle ne pouvait pas sortir alors autant se saisir de cette opportunité.
Elle grimpa sur son dos avec toutes le peines du monde mais y parvint après plusieurs tentatives. Une fois sur son dos elle toucha rapidement la pierre en question, une pierre... plutôt un rocher. Il devait faire au moins deux fois sa taille, comment allait elle faire pour déplacer cela. En réponse à la question qu'elle se posait la voix retenti une nouvelle fois dans sa tête :

*Je sais que tu peux le faire, je ne peux pas me mouvoir suffisamment pour la faire tomber. De plus la douleur est bien trop intense depuis l'éboulement, je ne peux pas utiliser toute ma force. Pouce de toutes tes forces. *

Facile à dire se dit elle, malgré son appréhension quant à ses chances de réussite, elle poussa aussi fort qu'elle le pu la pierre mais sans succès. Elle recommença encore et encore mais toujours rien, le rocher refusait de bouger.
Après avoir repris son souffle elle essaya une nouvelle approche, elle tenta de faire basculer la pierre pour qu'elle puisse rouler en poussant par à-coup.
Des cris de douleurs se firent entendre de la part du dragon, il faut dire que la pierre avait entamé sa peau.
Après un effort de longue durée le rocher commença à se mouvoir, comme elle avait sentit cela, elle força comme jamais et la pierre tomba du dos de la bête. Elle ne pouvait plus s'arrêter ayant beaucoup trop forcer et ne tenant plus sur ses jambes; elle tomba du dos de la bête. Alors qu'elle s'attendait à s'écraser lourdement, elle fut réceptionné par une énorme patte, la douleur de la chute fut très largement amoindrit.
Elle ne parvint pas à rouvrir les yeux et sombra même dans l'inconscience.

Ce ne fut qu'un moment plus tard, elle ne savait pas exactement le temps qu'elle avait passé inconsciente; cela aurait pu être des jours ou des heures, elle n'aurait pas su faire la différence.

Elle parvint à ouvrir les yeux même si elle était éblouie par le soleil haut dans le ciel et fut étonnée de voir le dragon pour la première fois hors de cette prison qu'était cette grotte. Cela prouvait bien qu'elle avait tout vécu et que ce n'était pas un mauvais rêve...

Elle regarda plus en détail la bête et remarqua sa magnifique couleur turquoise, après une brève discussion celui ci lui dit qu'il s'appelait Arekh et que jamais il ne l'abandonnerait. Il serai à jamais son protecteur.