[BG] Dame Lyswea du royaume Moestra

L’hiver avait étalé son voile de paix et de silence sur le Comté de Moestra. La neige était tombée en abondance. Les rafales de vent ne faisait d’accentuer la violence de ce froid déjà vif. Les rues de la ville et la campagne étaient calme, désertées par les hommes qui avaient préféré trouver refuge au coin du feu en attendant le retour de jours meilleurs.

Seule la musique émanant du château troublait ce calme. En effet à cet instant le Duc Kaerwen donnait une grande fête pour clore une année de conquête, de pillage et de massacre. Si l’homme faisait grande consommation de vins ou de femmes, il était encore bien plus assoiffé de pouvoir et d’or.


Dans la grande salle du château, les serviteurs apportaient d’énormes plats de viandes fumant, tandis que des barriques de vins étaient éventrées afin d’étancher la soif du Duc et à ses seigneurs de guerre. Les troubadours faisaient milles et un tours, celui-ci crachant du feu, celui là jonglant. Les ménestrels chantaient les louanges du Duc, contaient les exploits de héros vivant en des terres lointaines. Tandis que les filles de joie faisaient la cour aux seigneurs afin d’obtenir leurs bonnes grâces.

C’est dans cette ambiance de fête et de joie qu’une jeune bohémienne proposant ses services de divination. Les seigneurs la pressèrent de questions pour mieux se moquer de ses visions. Elle promit à un seigneur, la fortune, à un autre, l’amour sous les rires moqueurs de l’assistance.

Puis vint le tour du Duc, elle s’arrêta devant lui, le regarda intensément et tint ce langage.

- Seigneur ! Une grande menace pèse sur vous ! Je vois… une malédiction sur vous… sur votre famille… Je vois une bête !

Le seigneur et les seigneurs éclatèrent de rire, mais cela n’arrêta pas la bohémienne qui continua à conter ses visions.

- C’est une bête… Un loup… Non… Une louve… Une louve blanche comme la neige… Elle est guidée par la haine !

- Que me contes-tu là, pauvre folle ! Dit le Duc en riant à gorge déployée.

- Elle vient se venger… C’est… Ma vision se brouille ! Je vois une fillette… Elle court dans la forêt… Elle appelle au secours…

Le visage du Duc devint pâle, ses mains se mirent à trembler. L’assistance avait pris conscience que le Duc portait beaucoup d’intérêt aux propos de la gitane et le silence s’était fait.

- Parle, Chienne ou je m’en vais te faire empaler sur-le-champ !

- Je vois des cavaliers… Ils portent vos armes… Puis la gitane devint livide. Vous avez comploté contre cette enfant !

- GARDE ! Que l’on pende cette femme ! Tout le monde saura ce qu’il en coute de porter le discrédit sur ma personne !

Les gardes saisirent la bohémienne et l’entraînèrent jusqu’au gibet tandis qu’elle demandait grâce.

La fête reprit de plus belle, mais pour le Duc ce n’était plus pareil, il était livide son esprit n’était plus à la fête, il semblait perdu dans de sombres pensées. Il se souvenait de la fillette, Lyswea était son nom.


Au milieu de la nuit, il se réveilla en sursaut au milieu d’un horrible cauchemar où Lyswea était apparut ainsi qu’une louve blanche aux yeux jaunes. En sueur, il tenta de chasser ses visions de son esprit, se leva, but un peu d’eau et s’approcha de la fenêtre. La pleine lune éclairait de sa lumière blafarde les étendus enneigées tandis qu’au loin un loup laissait échapper un hurlement sinistre.